Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/207

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j’y crois maintenant. Soit ! que la volonté du destin s’accomplisse ! Tu lui avais pris son ouvrier, tu le lui as rendu. Tout est pour le mieux, je ne te reproche rien. C’était ma lâcheté qui t’aimait… Est-il bien possible que tu n’aies plus voulu de moi ? Et pour qui m’as-tu trahi ? Tu m’as sacrifié à quelque pleutre, à quelque imbécile titré. Je crois l’avoir rencontré un soir dans les coulisses de ton théâtre. Tu en seras bientôt dégrisée. Ah ! pauvre fille, le vrai prince, c’était moi, et tu me regretteras, mais il sera trop tard… Je te le répète, tout est pour le mieux. En me rendant ma liberté, tu as voulu sauver ma gloire et que le monde parlât du bel Edwards. Il en parlera, ma chère, et alors tu connaîtras mon vrai nom.

« Écoute-moi : le jour où tu apprendras qu’un grand coup vient d’être frappé et que la terre a frémi d’épouvante, dis hardiment : « L’homme qui a fait cela, c’est lui… » Et en vérité, si ce n’était moi, qui serait-ce ? L’idée que j’ai dans la tête, d’autres l’ont eue, ma chère Rosette ; mais la main leur tremble, la mienne ne tremblera point, et ce que je ferai, nul autre ne pourrait le faire à ma place… Je ne sais pas encore ce que je dirai en frappant. Sûrement je dirai quelque chose ; ce