Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/227

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courait au-devant d’un échec assuré. Pour se dérober à sa défaite et pour évaporer son dépit, il résolut d’aller faire un long voyage en France et en Italie. Ce fut de sa part une détermination salutaire. Tant qu’il était dans son pays, il était mécontent de tout, critiquait amèrement les institutions et les hommes, se plaignait que les affaires allaient de mal en pis. A peine avait-il passé la frontière, les comparaisons qu’il faisait le réconciliaient avec sa maudite et chère Allemagne. S’il avait beaucoup de griefs contre ses compatriotes, il contemplait les Velches du haut d’un mépris juché sur cinquante canons Krupp. Il enferma dans une sacoche de voyage, qu’il suspendit à son cou, cinq ou six mille marks en billets et en rouleaux d’or, qu’il économisait depuis longtemps à cet effet, et, accompagné de sa charmante femme, il se mit en chemin pour Paris, où il passa quinze jours, après quoi il continua son voyage, en allant visiter la forêt de Fontainebleau. Voilà comment il se fit que, le 30 septembre 1879, l’entreprise Lejosne eut le privilège de voir monter M. Drommel dans un de ses omnibus et de le transporter moyennant la somme d’un franc de Melun à Dammarie, de Dammarie à Chailly, de Chailly à Barbison.

M. Drommel était curieux de tout. Durant le