Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/263

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lui dit-il. Je ne supprime pas la propriété, je la perfectionne. De quoi s’agit-il ? Le point de la question est que la terre produise tout ce qu’elle peut produire et que la propriété devienne accessible à tout le monde. Prenez bien ma pensée, suivez mon raisonnement. Voici un paresseux qui a hérité de son père un champ, dont il ne tire qu’un méchant parti. Appelons-le X, si vous daignez y consentir. Z est un homme de mérite, qui n’a point fait d’héritage et qui ne sait à quoi employer ses talents. Z estime que, s’il possédait le champ de X, il en doublerait le rendement, et il se fait fort de payer à l’État un impôt double. N’est-il pas de l’intérêt de l’État, de la société, de tout le monde, que le champ de X soit donné à Z ? Quand l’expropriation pour cause d’utilité publique sera appliquée dans toute sa rigueur, la terre rapportera dix fois plus, et, chacun pouvant devenir propriétaire, il n’y aura plus de voleurs.

— Excepté X, cria M. Taconet de plus en plus agacé.

— Nous lui trouverons quelque emploi, répondit-il dédaigneusement, et d’ailleurs je dois convenir que X m’intéresse fort peu. Je vous ai dit que c’était un paresseux. Malheur à qui n’est pas taillé