Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/266

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le législateur de l’avenir n’aurait garde de le déposséder de ses terres, de ses épis jaunes comme l’or, de ses oranges grosses comme des citrouilles.

« Je me pique d’être physionomiste, lui dit-il ; j’avais tout de suite deviné que vous étiez un grand agronome. Fiez-vous à moi, mon prince ; on ne touchera pas à Malaserra, la terre doit appartenir aux plus dignes. Encore un coup, je n’abolis pas la propriété, je la fais circuler.

— Circule-t-elle déjà en Allemagne ? » demanda le petit Lestoc.

M. Drommel poussa un profond soupir :

« L’Allemagne, dit-il, est encore gouvernée par les vieux préjugés, mais elle commence à en revenir, et c’est elle qui donnera le signal de la grande émancipation.

— Le grand Courbet, répondit Lestoc, me fit jadis l’insigne honneur de grimper à mon atelier pour y voir mon premier tableau qui, soit dit entre nous, était un assez vilain barbouillage. — Jeune homme, me dit-il en posant sur ma tête cette puissante main qui plus tard déboulonna la colonne, votre tableau me plaît, c’est beau comme le Titien. — Je ne savais où me mettre, je fis le plongeon, je fus tenté de lui crier : — Homme de