Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/265

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citrouilles. Ah ! il m’est bien cher, Malaserra. Et puis j’ai un palais à Palerme, j’en ai même deux. Ils ne me sont pas si chers que Malaserra. Je dois vous l’avouer, mon ami, comme je l’avouerais au meilleur de mes amis, si Z il viendrait me demander Malaserra et si je le tiendrais au bout de ma carabine, oh ! sûrement il arriverait quelque accident. Mais ne parlons plus de Malaserra ; songez à la morale, mon cher ami ! La morale, elle est le tout de l’homme ! Le respect de la propriété, il est le plus sacré des sentiments ! La distinction du tien et du mien, elle est l’arche sainte, elle est le palladium, elle est la sauvegarde tutélaire des honnêtes gens comme nous, elle est le fondement de tout l’univers, elle est… »

Il avait envie d’en dire plus long, mais M. Taconet avait les yeux braqués sur lui. Quand on a été pendant vingt-cinq ans commissaire de police, il en reste quelque chose, et on a dans l’œil un je ne sais quoi qui peut paraître désobligeant. Le prince de Malaserra avait à cet égard une délicatesse d’épiderme qui tenait de la sensitive et qui s’explique par l’habitude du grand monde.

M. Drommel attribua l’émotion du prince aux inquiétudes qu’il ressentait pour Malaserra ; il s’empressa de lui donner sa parole d’honneur que