Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/286

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À ces mots, il sortit du kiosque en courant, faillit heurter M. Drommel. Lui prenant la main qu’il secoua vivement :

« Mon cher monsieur, il m’en faut trois, s’écria-t-il ; faites entendre raison à Mme Drommel. »

Et il s’éloigna en levant les bras au ciel, comme pour l’attester que c’était bien son dernier mot.

« Il lui en faut trois ? demanda M. Drommel à sa femme. Qu’est-ce à dire ? »

Elle courut à lui, oubliant qu’elle avait mal au pied, et se mit en devoir de lui arranger sa cravate.

« Tu t’es bien mépris à son sujet, lui dit-elle. Il est original, je le veux ; mais innocent, il ne l’est guère.

— Ah çà, est-ce que par hasard cet élève de Mlle Dorothée ?…

— Quel Arabe ! Trois cents francs pour une misérable aquarelle ! Il a une façon de vous demander les choses de but en blanc qui n’est vraiment qu’à lui, et il exige qu’on le paye comptant.

— Ses prétentions sont ridicules, répondit M. Drommel. Je le croyais mieux élevé, plus galant homme. Bah ! il ne verra pas la couleur de notre argent. Tâche de l’enguirlander, ma chère Ada ; tu en viendras bien à bout.

— Je ferai de mon mieux, » dit-elle.