Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/287

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Puis, s’éloignant de deux pas, elle le regarda fixement, et lui tira une de ces profondes révérences qu’elle faisait jadis au public de Berlin, les soirs où il l’applaudissait à faire crouler la salle.

« Il paraît que ton pied ne te fait plus mal, lui dit-il.

— Il s’est guéri comme par enchantement. »

Elle le regarda de nouveau, elle le trouvait phénoménal, et elle se mit à rire comme une folle.

« Eh bien ! qu’est-ce qui te prend ? »

Elle répondit avec une volubilité qui ne lui était pas ordinaire :

« Le ciel est bleu, il y a là-bas des roses, l’herbe de la pelouse est toute fraîche, ton nœud de cravate est irréprochable, et il me semble que j’ai seize ans.

— Ajoutons-en douze, dit-il. Mme Drommel est née le 26 juillet 1851.

— Pour la première fois, dit-elle ; mais Mme Drommel renaît de temps à autre. »

Il y avait en ce moment un baptême ou un mariage à Chailly, et le vent apportait jusqu’à Barbison le bruit des cloches qui sonnaient à toute volée.

« Foi de danseuse ! reprit-elle, les cloches nous annoncent une joyeuse nouvelle. L’air a aujourd’hui