Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

expédition, que, lorsqu’on avait le bonheur de posséder pour cicerone un prince de Malaserra, tous les lieux de la terre semblent beaux.

Cependant il avait martel en tête ; Mme Drommel n’arrivait pas. Il n’aimait point à attendre, et pour la première fois de sa vie il attendait.

« Mme Drommel elle nous est bien nécessaire, lui dit le prince. Non seulement sa présence elle est adorable, mais c’est elle qui a le champagne et le pâté. »

Il ajouta que sans doute il y avait eu erreur, que le cocher avait fait passer Mme Drommel par un autre chemin, que le mieux était de se diriger à pied sur Franchard, où ils ne pouvaient manquer de la retrouver. M. Drommel répondit du ton le plus assuré que jamais sa femme ne s’était écartée d’un iota de ses instructions, qu’elle était absolument incapable de passer par d’autres chemins que ceux qu’il lui prescrivait, que son départ avait été retardé par quelque incident. Il proposa au prince d’aller à sa rencontre, en s’acheminant par la grande route dans la direction de Barbison. Le prince s’y résigna, non sans faire la grimace.

A peine eurent-ils fait deux cents pas :

« Mon ami, regardez cet arbre, s’écria-t-il. N’est-il pas beau, celui-là ? »

Il lui montrait du doigt, au bord de la route, celui