Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/328

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tassés dans sa tête, et il en était résulté une grosse évidence. Il lui paraissait clair comme le jour que le neveu de Mlle Dorothée s’était moqué de lui, que l’école du plein air est une école de jeunes libertins, et que l’inscription qu’il avait sous les yeux signifiait ceci : « Le 1er octobre 1870, Ada Drommel et Henri Lestoc ont pris un gros chêne à témoin qu’ils s’aimeraient toujours. »

Un bruit de pas se fit entendre. Un promeneur qui s’était levé matin pour aller à la cueillette des champignons parut sur la route. Ce promeneur, qui avait d’énormes sourcils, s’arrêta tout à coup, frappé d’étonnement ; il plaça ses deux mains au-dessus de ses yeux en guise d’abat-jour, il aperçut distinctement un gros chêne et un gros homme, et il lui sembla que ce gros homme avait contracté une intime liaison avec ce gros chêne.

« O dieux hospitaliers, que vois-je ? cria-t-il. Voilà un genre de synthèse qui ne manque ni d’imprévu ni de piquant. »

Il ajouta :

« Hier soir, s’il m’en souvient, mon cher monsieur, vous m’avez signifié que j’étais de trop. Dois-je m’en aller ou avez-vous changé d’avis ? »

Point de réponse, et pour cause. Il continua d’avancer, s’approcha, reconnut le cas, et il eut