Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/329

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bientôt fait de débarrasser M. Drommel de son bâillon. Alors tout ce que le cœur du prisonnier avait amassé de colère rentrée, de rage impuissante, de malédictions silencieuses, sortit, déborda ; ce fut un torrent, ce fut une avalanche.

« Ce sont des drôles, des scélérats ; vous les connaissez, arrêtez-les… Il y avait plus de cinq mille francs dans ma sacoche, je les ai comptés hier matin. Faites jouer le télégraphe, car c’est un faux prince, un prince de carton… Il m’ont indignement trompé ; Mlle Dorothée est une coureuse, l’école du plein air est une sentine… Vous savez bien qu’elle a une robe jaune paille et un parasol rouge, comme dans l’aquarelle. Donnez partout son signalement, elle n’a pas eu le temps d’aller bien loin, elle a mal au pied… Je vous ai déjà dit qu’elle est toute neuve, elle était pendue à mon cou par une courroie qu’il a coupée avec un canif. Ils m’ont tout pris, tout volé. Y a-t-il par hasard des tribunaux et des lois dans ce triste pays ? Votre forêt est une caverne, un vrai coupe-gorge. Je le dirai, je l’écrirai, tout l’univers le saura. On ne se moque pas d’un homme comme moi, et, quand je le tiendrai par sa moustache blonde, je l’arracherai poil à poil… N’allez pas croire un mot de ce qu’ils vous répondront. Ils mentent tous comme