Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/40

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— C’est que tu ne croiras pas un mot de ce que je t’écrirai.

— Que voulez-vous dire ?

— J’exige aussi, continua-t-il, que tu me répondes comme si tu me croyais et que tu envoies mes lettres à Horace, en lui recommandant le secret.

— Je vous comprends de moins en moins.

— Qu’est-ce donc qu’une femme qui ne comprend pas ? Les lettres ostensibles, c’est le fond de la diplomatie. Après tout, il n’est pas nécessaire que tu me comprennes ; l’essentiel est que tu te conformes scrupuleusement à mes instructions. Adieu, ma chère ! je m’en vais où m’envoient le ciel et tes chatteries. Si je ne réussis pas, cela prouvera que nos amis les républicains ont eu raison de me mettre à la retraite. »

Cela dit, il embrassa sa nièce et monta en wagon. Vingt-quatre heures plus tard, il arrivait à Lausanne, où son premier soin fut, après avoir retenu une chambre à l’hôtel Gibbon, de se procurer tout un attirail de pêche. Là-dessus, fatigué du voyage, il dormit six heures durant. Dès qu’il se fut réveillé, il dîna, et, dès qu’il eut dîné, il se fit conduire en voiture à la pension Vallaud, située à vingt minutes de Lausanne, sur le penchant de