Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/47

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son naturel, et son naturel était d’avoir du plaisir à revoir son oncle, car il l’aimait beaucoup. A vrai dire, l’ambassadeur lui plaisait peu, et il était résolu à ne point le ménager ; mais, quand on est sûr de sa volonté, on ne craint pas les objections, et il savait d’avance qu’il aurait réponse à tout. Aussi attendait-il l’ennemi de pied ferme, et, comme l’ennemi buvait du champagne et ne se pressait pas de commencer l’attaque, il marcha au-devant de lui.

« Et d’abord, mon cher oncle, lui dit-il, donnez-moi bien vite des nouvelles de ma mère.

— Je voudrais t’en donner de bonnes, répondit le marquis. Mais tu sais que sa santé nous inquiète, et tu conviendras que la lettre qu’elle a reçue de toi…

— Ma lettre l’a chagrinée !

— Là, tu le demandes ?

— J’aime tendrement ma mère, répliqua Horace d’un ton vif ; mais je l’ai toujours connue la plus raisonnable des femmes. Apparemment, je m’y serai mal pris, je lui récrirai dès demain, je me fais fort de la réconcilier avec mon bonheur.

— Si tu m’en crois, tu n’écriras plus ; on ne guérit pas le mal par le mal. Assurément, ta mère désire ton bonheur ; mais le projet extravagant dont tu lui as fait confidence… Extravagant te blesse ? Je retire