Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/61

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Tu as raison, il faut mettre de la méthode en toute chose, même dans l’amour, et tout faire avec poids, nombre et mesure. J’ai connu un philosophe qui disait que la mesure est la plus belle définition de Dieu… Mais, à propos, j’ai fait ma sieste cette après-midi, et je n’ai plus sommeil. Prête-moi un livre qui me tiendra compagnie dans mon lit. Tu possèdes sans doute les œuvres de Mme Corneuil ?

— En doutez-vous ?

— Ne me donne pas son roman, je l’ai déjà lu.

— C’est un pur chef-d’œuvre, dit Horace.

— Pour mon goût, il y a un peu trop de brouillard là-dedans. Mais le bruit court qu’elle a publié des sonnets.

— Ce sont de vrais bijoux, s’écria-t-il.

— Et un Traité sur l’apostolat de la femme.

— O l’admirable livre ! s’écria-t-il encore.

— Prête-moi le Traité et les sonnets. Je les lirai cette nuit, pour me préparer à l’entrevue de demain. »

Horace se mit aussitôt en quête des deux volumes, qu’il eut beaucoup de peine à retrouver. A force de s’agiter, il les découvrit enfin sous un gros tas d’in-quarto qui les écrasaient de leur terrible poids. Il dit à son oncle en les lui présentant :