Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/70

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du bruit, remué des meubles. Cette course était donc bien nécessaire ?

— Indispensable. Tu t’es plainte hier à dîner que le poisson n’était pas frais, que Julie ne savait pas acheter. Désormais je fais moi-même mon marché.

— Et pendant ce temps on mènera ici un vrai sabbat.

— Que veux-tu ? entre deux maux…

— Non, interrompit Mme Corneuil, je ne veux pas que vous alliez en personne marchander votre poisson ; que n’enseignez-vous à Julie à le choisir ? Vous ne savez pas commander, il en résulte que vous devez tout faire vous-même.

— J’apprendrai, je me formerai, ma mignonne, » répondit Mme Véretz en la baisant tendrement sur le front.

Elle n’ajouta pas qu’aller au marché lui plaisait, ce qui était vrai. Parmi les gens qui ont eu de petits commencements, les uns répudient leur passé et tâchent de l’oublier, les autres prennent un extrême plaisir à se le rappeler.

« Qu’est-ce encore que cela ? s’écria Mme Corneuil, qui s’aperçut en ce moment que sa mère tenait à la main un papier.

— Ceci, ma chère, est un billet par lequel M. de