Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/81

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« La vraie providence est l’habileté des mères. »

Puis il reprit :

« De quoi s’agit-il après tout ? D’être heureux. Mon neveu a mille fois bien fait de ne consulter que son cœur. Il aura l’azur, comme vous dites, chère madame, et tout le reste par-dessus le marché ; car Mme Corneuil… Ne parlons pas de sa beauté, qui est incomparable, mais il est impossible de la voir, de l’entendre sans reconnaître en elle une femme vraiment supérieure, la plus propre du monde à bien conseiller un homme, à le conduire, à le pousser.

— Certes vous la jugez bien, répondit Mme Véretz. C’est une étrange créature que ma fille ; elle a tous les nobles enthousiasmes, qu’elle pousse jusqu’à l’exaltation, et cependant elle est infiniment raisonnable, très intelligente des choses de la vie, et à la fois de glace pour ses intérêts, de feu pour ceux des autres.

— Une seule chose m’afflige, lui dit le marquis. Le fabuliste recommande aux heureux amants de ne voyager qu’aux rives prochaines, et les nôtres iront enfouir leur félicité à Memphis ou à Thèbes. Enlever Mme Corneuil à Paris, c’est un crime.

— Oh ! rassurez-vous, dit-elle, Paris les reverra.