Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/80

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Amants, heureux amants.

Soyez-vous l’un à l’autre un monde toujours beau,

Toujours divers, toujours nouveau.

Puis, se tournant vers Mme Véretz, il s’écria d’un ton lyrique : « Non, on n’a rien inventé jusqu’aujourd’hui de plus beau que la jeunesse, de plus divin que l’amour. Mon neveu est un heureux coquin ; je le félicite tout haut, et je l’envie tout bas. »

Mme Véretz le récompensa de cette exclamation par un gracieux sourire, qui signifiait : — Bon vieillard, nous t’avions mal jugé. Pourrais-tu par hasard nous servir à quelque chose ?

« Plus je les vois ensemble, monsieur le marquis, dit-elle, plus je me persuade qu’ils ont été faits l’un pour l’autre. Jamais caractères ne furent mieux assortis ; ils ont les mêmes goûts et les mêmes dégoûts, la même élévation d’esprit, le même dédain pour les sentiments médiocres et pour les petits calculs, la même insouciance des vulgaires intérêts. Ils vivent l’un et l’autre dans l’azur. Ah ! monsieur le marquis, c’est par une dispensation providentielle qu’ils se sont rencontrés.

— Très providentielle, » dit le marquis.

Et il ajouta in petto :