Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/96

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suis sûre que vous n’avez pas su vous tenir avec lui, que vous lui avez dit des choses compromettantes.

— Ai-je l’habitude d’en dire, ma chère ? répondait Mme Véretz. J’avoue qu’une telle conduite me surprend. Elle est contraire à toutes mes notions du droit des gens. Avant de faire la guerre, un galant homme la déclare. Le monstre a bien caché son jeu.

— Vous avez toujours été d’une confiance aveugle.

— Et pourtant les mauvaises langues prétendent que je suis une mère habile. Ne m’accable pas, ma mignonne. Ce qui m’afflige, c’est qu’un héritage de deux cent mille livres de rente ne se trouve pas dans le pas d’un cheval.

— Vous n’avez que cet héritage en tête. Il est bien question de cela ! Il s’agit d’un noir complot, dont nous verrons bientôt les effets. Ce vilain vieillard nous jouera quelque tour de sa façon.

— Attendons, attendons, répondait Mme Véretz. Il faut du gros canon pour prendre les forteresses. Tu as beau dire, nous pouvons dormir tranquilles sur nos deux oreilles. »

Trois jours plus tard, Mme Véretz, qui, en cachette de sa fille, était sortie de très bonne heure pour aller faire elle-même son marché, s’introduisit