Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à pas de loup dans l’appartement du comte de Penneville, entr’ouvrit la porte de son cabinet de travail, et, la main sur le loquet, elle lui cria :

« Voulez-vous savoir une chose, bel oiseau bleu ? On vous en a donné à garder, et M. de Miraval n’a pas quitté Lausanne. Je viens de le rencontrer qui traversait la place Saint-François.

— Impossible ! répondit-il en laissant tomber sa plume.

— Impossible peut-être, mais encore plus vrai qu’impossible, » dit-elle en se sauvant.

Horace se rendit incontinent à l’hôtel Gibbon et ne fut pas plus heureux que les autres fois. Il y retourna dans la soirée, et sa persévérance fut enfin récompensée. Il eut la joie d’apercevoir M. de Miraval, qui faisait sa digestion en fumant un cigare sur la terrasse de l’hôtel.

— Eh bien, mon oncle, lui dit-il, ce départ ?…

— L’esprit est prompt, la chair est faible, s’écria le marquis. Lausanne est une ville si charmante, que je n’ai pas eu le courage de m’en arracher.

— Daignerez-vous au moins m’instruire ?…

— Montons dans ma chambre, interrompit-il ; nous y serons mieux pour causer. »

Dès qu’ils y furent entrés, le marquis se laissa tomber sur un sofa en murmurant :