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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/102

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— Au contraire, my dear, au contraire ! J’y pensais sérieusement, très-sérieusement.

— Vous l’avez prouvé ! dit ironiquement Léonie.

— Oh ! oui ; et je courais à vous, vite, très-vite, my dear, quand…

— Ne parlons plus de cela, je vous en prie, sir William, interrompit madame de Repentigny ; ce sujet m’est trop pénible. — Vous déjeunerez avec nous ?

Le jeune homme s’inclina en signe d’assentiment. On entra dans la salle à manger où le déjeuner était dressé.

Séparée du parloir par deux portes à coulisse, cette pièce avait pour meuble principal une table oblongue en mahogany, sorte d’acajou foncé, et un dressoir de même bois, chargé d’argenterie massive. Une toile cirée, à carreaux noirs et gris, s’étendait sur le plancher.

Le repas fut servi suivant la façon anglaise : il se composait d’œufs à la coque, jambon fumé, côtelettes d’agneau, poisson frit, beurre frais, petits pains chauds sans levain, appelés cakes, thé et café.

Tout en mangeant, Léonie s’amusait à cingler l’humeur apparemment très-paisible de son prétendu.

Comme le déjeuner tirait à sa fin, madame de Repentigny dit tout à coup, en levant les yeux vers la fenêtre, à travers laquelle s’ébattaient les tièdes rayons d’un soleil printanier :

— Mes enfants, nous avons un devoir à remplir ; il faudra s’en acquitter aujourd’hui. Nous irons faire une visite à ce brave sauvage qui a sauvé la vie à ma fille.