Page:Chevrier - Le Colporteur, éd. Van Bever, 1914.djvu/40

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l8 LE COLPORTEUR

Le Prince A** de P. y étoit peint, regardant sa pendule ; ces mots étoient au dessous :

Il ne viendra pas.

Le marquis de Ximènes (1) écrivoit sur une table où ses deux tragédies étoient posées ; on lisoit au bas du portrait cette épigramme imitée de Boileau :

Après Epicaris

les ris ; Après Amalazonte (2),

la honte.

Mademoiselle Clairon (3), si célèbre par son jeu et par la lubricité de ses passions, y étoit peinte en Phèdre ; elle sembloit prononcer ce vers de Racine, qui convient si bien à l’emportement de ses désirs, toujours satisfaits et toujours renaissans :

C’est Vénus toute entière à sa proie attachée.

Le Portrait du nommé G***, Directeur expirant du spectacle mal ordonné de Bruxelles, étoit à côté de celui-ci, avec ces quatre vers qui font allusion à sa femme qui court le monde, à sa maîtresse qui l’a couru, et à un chirurgien habile, dont l’art bien-faisant peut-être utile à tous trois, en cas de réunion :

Dans ces yeux insolens, qui font frémir l’amour, On voit un infâme A*** (4) Qui des bras de la Nonancourt, Va chercher chez Bouquet (5) un secours salutaire.

(1) Augustin-Louis, marquis de Ximènes (prononcez Chimènes), né à Paris, le 28 février 1726, mort en 1817. Aide de camp du maréchal de Saxe, il quitta le service pour la galanterie et la littérature légère.

(2) Epicaris et Amalazonte sont deux pièces de ce Marquis. (Note de Chevrier.)

(3) Claire-Josèphe Lerys de La Tude - Clairon, née le 27 janvier 1723, à Condé-sur-Escaut, morte à Paris, le 3i janvier 18o3.

(4) Lisez : adultère.

(5) Chirurgien.