Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/299

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chère Madame ? est-il possible que ce petit Prévan fasse de pareilles abominations ? & encore vis-à-vis de vous ! A quoi on est exposé ! on ne sera donc plus en sûreté chez soi ? En vérité, ces événements-là consolent d’être vieille. Mais de quoi je ne me consolerai jamais, c’est d’avoir été en partie cause de ce que vous avez reçu un pareil monstre chez vous. Je vous promets bien que si ce qu’on m’en a dit est vrai, il ne remettra plus les pieds chez moi ; c’est le parti que tous les honnêtes gens prendront vis-à-vis de lui, s’ils font ce qu’ils doivent.

On m’a dit que vous vous étiez trouvée bien mal, & je suis inquiète de votre santé. Donnez-moi, je vous prie, de vos chères nouvelles ; ou faites-m’en donner par une de vos femmes, si vous ne le pouvez pas vous-même. Je ne vous demande qu’un mot pour me tranquilliser. Je serais accourue chez vous ce matin, sans mes bains que mon docteur ne me permet pas d’interrompre ; & il faut que j’aille cet après-midi à Versailles, toujours pour l’affaire de mon neveu.

Adieu, ma chère Madame ; comptez pour la vie sur ma sincère amitié.

Paris, le 25 septembre 17…

Lettre LXXXVII.

La marquise de Merteuil à madame de Volanges.

Je vous écris de mon lit, ma chère & bonne amie.