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Adieu, ma charmante amie ; ne doutez jamais de la sincérité de mes sentiments.

Du château de… 2 octobre 17…

Lettre XCIX

Le vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil.

Encore de petits événements, ma belle amie ; mais des scènes seulement, point d’actions. Ainsi, armez-vous de patience ; prenez-en même beaucoup : car tandis que ma présidente marche à si petits pas, votre pupille recule, & c’est bien pis encore. Hé bien ! j’ai le bon esprit de m’amuser de ces misères-là. Véritablement je m’accoutume fort bien à mon séjour ici, & je puis dire que dans le triste château de ma vieille tante, je n’ai pas éprouvé un moment d’ennui. Au fait, n’y ai-je pas jouissances, privations, espoir, incertitude ? Qu’a-t-on de plus sur un plus grand théâtre ? des spectateurs ! eh ! laissez faire, ils ne manqueront pas. S’ils ne me voient pas à l’ouvrage, je leur montrerai ma besogne faite ; ils n’auront plus qu’à admirer & applaudir. Oui, ils applaudiront ; car je puis enfin prédire, avec certitude, le moment de la chute de mon austère dévote. J’ai assisté ce soir à