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voies du progrès réel, par un retour à leurs anciennes et barbares coutumes.

À cette époque, c’est-à-dire vers la fin de l’année 1860, M. le contre-amiral Larrieu visita cet archipel. Il fut étonné des résultats obtenus et en témoigna hautement sa satisfaction.

Quelque temps après, venu en relâche à Tahiti, il retraçait, devant M. de la Richerie, le spectacle qui avait frappé ses yeux ; il exprimait son espoir d’un résultat durable, il en donnait les raisons, et, rendant justice à qui de droit, il avouait hautement que cela était dû à l’intelligence et au zèle de Mgr de Cambysopolis, aidé du concours dévoué et réellement apostolique de ses missionnaires.

Le lendemain de ce jour, Mgr d’Axiéri, qui avait été présent à cette conversation, remerciait M. l’amiral Larrieu de ses bonnes paroles et de la justice qu’il avait rendue aux travaux des missionnaires. « Mais, — ajouta-t-il, — il se peut, Monsieur l’amiral, que vos paroles nuisent à Noukahiva. »

Cela ne manqua point d’arriver. Quelques jours plus tard, en effet, M. Caillet, qui recevait les inspirations de M. de la Richerie, avait commencé une campagne contre la mission catholique des îles Marquises. « Ce qui s’y passait était inouï, disait-il, et il était dommage qu’on n’eût pas de pasteurs protestants pour les envoyer civiliser ces îles et empêcher les missionnaires catholiques d’y tyranniser les Indiens. »

Ce discours n’était que le prélude des mesures méditées par le Commandant Commissaire Impérial, lequel, peu de temps après, envoyait comme résident à Noukahiva M. le lieutenant de vaisseau de Kermel, avec trois gendarmes français et quatre soldats tahitiens.

Quels sont les ordres donnés à M. de Kermel ? Les résultats qui suivirent son envoi à Noukahiva les feront mieux connaître encore que ce qu’il disait avant de partir pour son nouveau poste : « Je marche contre la mission. »

Et, par le fait, la mission des îles Marquises, si prospère en 1860, était ruinée en 1861. L’autorité de Temoana était réduite à néant, la guerre ravageait les vallées, les anciennes coutumes et l’anthropophagie étaient plus en honneur que jamais, et l’on put voir après un combat livré le 31 juillet 1862 quatre hommes qui furent dévorés crus en partie.