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Depuis lors cet état de choses a continué. Nous avons vu à Tahiti, en 1869, des Indiens de ces îles jugés pour avoir tué et mangé leurs semblables.

Dans le mois de septembre 1862 on écrivait des Marquises :

« Noukahiva est dans un état pitoyable depuis que les Français sont venus y mettre le désordre, et le mal augmente de jour en jour… Il est un fait, c’est que pendant l’absence des Français, le roi et les chefs, de concert avec l’évêque, avaient établi dans toute l’île un ordre admirable. La police s’y faisait aussi bien, sinon mieux que dans nos villes d’Europe, de sorte qu’un amiral français étant alors passé par ici disait à ses officiers : Messieurs, vous le voyez, il nous fallait abandonner ce poste pour que le bien s’y fît. Plus tard, on est venu le réoccuper, et je ne sais pourquoi, jaloux peut-être de tout le bien qu’y faisait la mission, on a voulu la détruire. Pour cela on a commencé par faire perdre aux chefs et au roi l’influence qu’ils avaient sur leurs sujets et on a renversé la police indigène.

« Le roi et les chefs n’ayant plus d’influence sur leur peuple et la police n’existant plus, tous les désordres se sont naturellement introduits. La moitié de la population était chrétienne, le reste se préparait à le devenir prochainement, et voilà que l’on retourne à toutes les horreurs du paganisme, au tatouage, à la prostitution des fêtes païennes, à l’ivresse, à la polygamie, à la guerre et à l’anthropophagie. Le commandant particulier d’ici (le résident) n’a pas agi ainsi par lui-même. Il avait sans doute des ordres pour empêcher le bien, et du reste il les a parfaitement exécutés ; mais aujourd’hui il paraît très-embarrassé.

« M. de Kermel, lieutenant de vaisseau, choisi par M. de la Richerie comme résident de ces îles, est un homme inoffensif et toujours plongé dans des calculs mathématiques qu’il n’interrompt même pas lorsqu’il va par les chemins. Et néanmoins il a positivement détruit l’autorité de Temoana, renversé les lois établies, méconnu et rompu les mariages religieux dans un pays où l’on n’avait pas pu durant quinze années d’occupation établir l’état civil.

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« Cependant, devant les dénégations formelles de M. de Kermel, au sujet de permissions inouïes que les indigènes lui attribuent, je suis conduit à croire, comme on le supposait à