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LE CARNAVAL AU VILLAGE

reste de cette joyeuse soirée paraîtra insolite, prêtera à des suppositions injustes. Monsieur le curé saisira mieux le sens de sa réserve et des traits de sympathie qu’il lui verra témoigner à son élève ; car lui aussi s’inquiète des effets de la petite intrigue commencée au banquet et qui se poursuit auprès du piano.

Mademoiselle Esther et Hector, dans leurs personnages carnavalesques, intéressent de moins en moins l’assistance pour s’intéresser de plus en plus l’un l’autre. La jeune fille, dont l’éducation déclassée n’offre rien de paysan, trouve l’occasion trop belle d’accuser ses goûts et ses connaissances avec l’étudiant, qui possède une inépuisable pacotille artistique de salon.

Elle avait instinctivement le secret de l’élocution musicale ; elle savait non pas bourrer de la musique avec des mots, mais bien dire en chantant ce qu’elle avait à dire.

Après qu’ils auront tour à tour donné quelques pièces de chant ou de piano, à la satisfaction par trop béate de la plus