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L’ŒIL DU PHARE

grande partie de l’auditoire qui ne sait pas applaudir, ils trouveront tout à l’heure un plaisir plus intime et plus affiné dans des premières lectures de duos de chant et d’études à quatre mains. Ils auront bientôt ce loisir agréable, car monsieur le curé, sur les dix heures, alléguant son grand âge et son ministère, évidemment aussi beaucoup moins joyeux qu’à la table du banquet, s’excuse et se retire, emportant dans son vieux cœur, impersonnel mais charitablement sensible, quelque chose qui lui rappelle le coup de grand couteau donné dans le « gâteau des rois ».

En souhaitant à tous de s’amuser bien chrétiennement, il a jeté un regard attendri sur le groupe Pèlerin où Émile, décidément soucieux, fait tapisserie avec sa tante et son cousin. Émile n’est pas artiste, pas même artiste de salon ; il n’est pas folâtre non plus, ce que remarquent bien les jeunes villageoises timides et rougissantes qui dans la vaste salle se contentent pour l’heure d’observer et ne parleront de tout cela que demain.