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L’ŒIL DU PHARE

de la triste maisonnée, entre la veuve éprise de souvenirs et le fils incertain de son avenir et de lui-même. Ce n’est plus la confidente de ses intentions que Jean trouve en elle, c’est l’obstacle ; c’est l’amour le plus désintéressé et le plus fort qui réclame et s’alarme. Quand il erre attristé autour de l’humble maisonnette, fuyant le regard des villageois, à la tombée du jour, l’œil de sa mère le suit comme un reproche et l’éclair du phare comme un remords.

Durant les beaux mois de l’été, cette torture morale s’aggravera des inquiétudes que lui inspire maintenant la santé débilitante de la pauvre mère. Monsieur le curé, que Jean ne fréquente plus à titre d’étudiant, dont les idées bien connues du reste ne lui serviraient d’aucun appui, vient souvent apporter à la malade le réconfort de son ministère et de ses conseils. Ce sont alors pour Jean de fatigants entretiens où l’un et l’autre l’accablent de leur double affection, la seule qui lui soit donnée aussi pure, aussi généreuse sur la terre.