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L’ŒIL DU PHARE

jours, apparaît à son chevet lorsque Jean est obligé de s’en éloigner.

Le père de Rose Després est un caboteur dont le vaisseau n’aborde guère dans le mauvais parage de Saint-Germain, et fait ses rares escales en été aux quais de Saint-Louis et de Saint-André. Sa demeure établie au pied de la falaise n’a pas d’autre voisine, à un demi-mille de distance, que la maisonnette aux pignons rouges du côté de l’ouest. Partant, c’est là que la veuve Pèlerin, depuis les premiers jours de ses épreuves dans son isolement, avait accoutumé de courir au plus urgent quand il lui fallait quérir aide ou secours. Et Rose, dès son âge le plus tendre, avait appris de sa mère l’art charitable de secourir instinctivement plus malheureux que soi. Humble, impersonnelle, elle s’acquitte comme d’un devoir filial des menus soins que réclame la malade. Jean l’affectionne à l’instar d’une sœur qui de tout temps aurait été de moitié dans ses peines. Il ne voit pas qu’elle a grandi ; il ne remarque pas encore, ce qu’il comprendra un jour, que