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L’ŒIL DU PHARE

d’un éclat nouveau sur les berceaux pour s’éclipser momentanément sur les tombes ?

Cette lumière symbolique, qui raviva l’œil mourant de sa pauvre mère, et que celle-ci lui recommanda, comme un legs d’amour filial et sacré à ne jamais oublier, Jean comprend alors ce qu’elle dit de la vraie patrie natale, ce qu’elle remémore de tous les siens. C’est le souvenir intermittent des tristesses et des joies ainsi que des faits géographiques, au milieu desquels s’écoulèrent ses premières années de vie, qui va maintenant le poursuivre, comme l’œil de la conscience, sous tous les cieux.

Et, nouvelle souffrance pour lui jusqu’alors inconnue, il sent qu’il y a au fond de son cœur des attaches très intimes et très fortes qui se rompent cruellement : des liens qui le retiennent à la terre natale et que l’on ne soupçonne pas toujours avant de la quitter.

Dans ce village endormi où il ne croyait avoir à regretter que des affections mortes, il lui reste pourtant un cœur de vieux prêtre qui va souffrir de sa désertion, et un amour