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AU TRAVAIL

par le torrent. Le wrecker rendu sur place et fermement aposté, la flèche de la grue s’incline, happe l’immense tube quadrangulaire qui se lève et secoue le gravier ruisselant sous lequel il était enlisé ; les câbles se tendent de plus en plus, et l’un d’eux se rompt. Fâcheux contretemps ; il ne se trouve pas de rechange de son diamètre dans le matériel du train. Une course à la ville, c’est un retard de plusieurs heures. On tient conseil, on s’impatiente ; chacun s’ingénie et y va de son avis auprès de l’ingénieur en chef, qui n’en demande pas autant et préférerait peut-être plus d’unité dans les bons conseils. Une idée pourtant bien simple et spontanée fatigue aussi l’esprit de Jean Pèlerin, le commis aux écritures. Va-t-il se taire quand la solution pratique et certaine du problème, il la tient pour ainsi dire dans ses mains qui s’agitent nerveusement. N’est-ce pas là une de ces conjonctures où son cousin Émile lui reprocherait sa pusillanimité, son manque d’assurance, d’audace ?