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L’ŒIL DU PHARE

de l’État, — mais ne va pas trop loin, attends-moi sur le chemin qui t’éloigne du Canada, puisque nous devrons peut-être y revenir avec nos enfants. Surtout, et cela, je te le défends, garde-toi bien, avec tes lettres de naturalisation, de t’affilier jamais à ces sociétés secrètes ou non, qui détruisent chez l’homme le caractère national pour en faire un cosmopolite, et ne te laisse pas piquer par la tarentule politique qui tuera chez Jean Pèlerin le Canadien.

« À mon tour de te questionner. Que penses-tu, Jean, de mes idées nouvelles ?

— Je ne pense pas encore. Je me demande seulement si j’entends parler le charmant cousin Émile dont les théories et la conversation jadis, à bord d’un yacht, avaient tant impressionné ma jeunesse, au grand déplaisir de mon précepteur quand il put le constater. Je cherche ce qui me l’a pu changer ainsi.

— C’est facile à dire, va. Ce qui m’a changé les idées, c’est la vie qui a fait d’un étudiant trop léger un père de famille