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SOUS L’ŒIL DU PHARE

Ou comme l’on a dit encore, « c’est un ballon gonflé de vent dont il sort des tempêtes quand on y fait une piqûre ».

D’avoir pendant quelques semaines été l’objet d’une admiration béate ; du haut de leur superbe avoir jeté des regards même généreux et compatissants sur des compatriotes exposés à l’envie, sans leur tourner la tête, les avait rendus plus sensibles aux piqûres de l’amour-propre. Le vent de cet orgueil ne soufflera pas en tempête, mais il élèvera autour d’eux, comme une poussière, mille susceptibilités et vétilles qu’ils auraient autrefois négligées et qui assombriront maintenant l’atmosphère de leur vie américaine pour leur faire regretter la vision si claire de la vie canadienne.

Au reste, ce serait les calomnier dans leurs nouvelles dispositions d’esprit de laisser croire que c’est là leur unique regret. Nous savons bien que d’autres forces concourent à cette résultante, d’autres influences plus estimables aggravent chez eux en la légitimant la nostalgie. Jusqu’à présent, ils n’ont pas eu le temps, ou n’ont