Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
SOUS L’ŒIL DU PHARE

Jean a vécu dans l’entraînement de cette foi en ses espérances. Aujourd’hui, c’est le culte du passé qui le rappelle, et auquel il revient sans lui apporter, sans doute, le remords d’une apostasie, ce qui serait beaucoup trop dire, mais un esprit et un cœur dégoûtés du présent. Malgré tous les éléments de bonheur dont la Providence l’entoure, il n’est pas heureux. Il n’est pas satisfait de les voir acquis ; il souffre encore du gré d’en disposer. Si cet effet moral ne lui causait qu’un ennui, il n’aurait qu’à chercher l’antidote dans la richesse. Or, il y a plus qu’un effet moral et qu’un ennui. Vingt années de surmenage intellectuel et physique ont fait de lui un débile.

Cette vigueur trop ardente qui déjà s’était prodiguée au cours de ses premiers travaux scolaires, et qu’Émile avait si bien restaurée jadis avec les plaisirs du yachting, elle a eu beau jeu dans les activités industrielles, et Jean n’est plus qu’un neurasthénique, dont l’esprit se prépare à