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L’ŒIL DU PHARE

reconnaître qu’il ne peut y avoir ici-bas de bien-être parfait sans la patrie.

Le docteur Dupin, sympathique et averti, ne devait pas, croyez-le bien, s’en désintéresser. Il prodigue à son patient non seulement les ressources de son savoir mais principalement celles d’une affection jamais démentie. Car les prodromes de cette maladie, ils sont là aussi dans son propre cœur.

« Mon Jean », lui dira-t-il un jour confidentiellement, sais-tu bien ce qu’il nous manque à tous deux, à cet âge où nous avons déjà assez longtemps vécu pour moins regarder en avant qu’autour et en arrière de nous. C’est de l’espace ! Nous étouffons dans un cercle d’idées et une sphère d’action devenus trop restreints, avec tous les moyens à notre disposition d’en sortir. C’est la stagnation qui fait d’un riche imbécile un avare et d’un homme d’esprit que nous voudrions être, un parasite ennuyeux. Ces fourneaux qui fument dans l’air, cette force industrielle, notre pierre philosophale, qui convertit pour nous du minerai de fer en or, n’exigent pas que