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L’ŒIL DU PHARE

jets, tant mieux, cela nous amusera et pourrait te guérir de tes ennuis hypocondriaques. Bien, moi, sais-tu, j’aimerais revoir de la neige canadienne ! Oui, de la vraie neige. Non pas de ce grésil que l’on trouve un matin comme un déchet, presque une ordure, sur le sol de certains états américains ; qui roule sous le pied, qui déplaît autant que l’eau d’une averse intempestive et que le soleil du midi a tôt fait de dissiper ; mais la belle neige canadienne tombant à demeure toute la journée grande, en cristaux multiformes, pour protéger vos champs de son édredon contre les cruelles froidures, et pour s’affermir dans les routes, douce et crissante, sous la lisse des traîneaux. J’ai cette fantaisie-là d’aimer la neige canadienne. Et toi ?

— Et moi d’aimer un médecin qui met de la poésie dans ses prescriptions. Ta neige canadienne, elle ne manque pas, à cette date, sur les rives du Saint-Laurent. Perfide, va !

— Va donc pour la perfidie qui a déjà le bon effet de te réjouir. Ma femme a vu