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SOUS L’ŒIL DU PHARE

trouve avec attendrissement. La villégiature récente à Cacouna, au milieu de l’affluence des touristes et des amusements de chaque jour, ne lui avait pas permis de reprendre contact avec ces mœurs, de revivre cette page aussi fidèlement vécue de son passé. Mais dans ce pauvre logis tapi sous les neiges et les glaces du rivage laurentien, il revoit sa jeunesse incertaine de l’avenir, il prête l’oreille de son cœur aux échos de l’amour filial qui lui arrivent de tout côté.

Pendant que les femmes au verbe terre-à-terre s’entretiennent de la chronique comparée des choses et des usages, au grand émerveillement naïf des unes et à la verve satisfaite de l’étrangère, les trois hommes plus pratiques, dans l’entretemps des visites ici et là, chez les gens du village, qui s’honorent de leur ouvrir et leur portes et leurs cœurs, les hommes vont s’occuper d’un projet qu’Émile et Jean laisseront, en partant, bien défini, cette fois. Les deux cousins n’ont pas oublié qu’un soir de l’été dernier ils ont fait le rêve d’un châtelet bâti sur le coteau voisin, là où de pauvres