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L’ŒIL DU PHARE

pensionnats d’études, trouvent tout en beauté dans ces êtres nouveaux, auprès de parents chéris dont ils ont durant de si longs mois regretté l’absence. Sur le rivage maintenant dégagé de la triste bordure de crans que la dynamite a pulvérisés, où le flot de la marée s’épand sur des sables fins, ils s’ébattent, ces jeunes, plus allègrement à l’air salin du large que dans l’atmosphère fumeuse et le parc fleuri de leur Home américain. Jean les regarde avec tendresse. Il se rappelle le jour où, fier aussi lui de ses débuts scolaires, là même et seul sous le regard de sa pauvre mère en deuil, il livrait à la brise du soir les premières aspirations de sa vie. Et cette vie, qu’il a faite et promenée sous des cieux étrangers, emprunte à la candeur de sa jeunesse retrouvée chez les siens, une émotion délicieuse et reconnaissante qu’il voudra faire durable. L’arpent de terre que tout enfant il arrosa de ses sueurs en lui demandant de suppléer aux oublis de la charité publique, il le couvrira, l’entourera de fleurs comme on fait d’une chose sacrée.