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PATRIE

légende, l’âme familiale que j’y ai moi-même retrouvée dans des conjonctures encore moins favorables ; c’est l’attachement à la vraie patrie.

« M’est-il permis de raisonner ainsi, apparemment et personnellement à contre-sens, moi à qui mon père n’a laissé qu’un nom sans tache et des biens dans une patrie adoptive ? — Oui, parce que j’en souffre ; parce que l’amour de cette patrie d’adoption n’a pas de tradition pour moi.

« Je vais aujourd’hui te faire ma confession. Je n’ai pas été ce que j’aurais pu être, un jouisseur. En te quittant, là-bas, après notre rencontre sur la Méditerranée, il y a vingt ans, j’ai vu à Rome, — « la seule grande chose aujourd’hui vivante en Europe » — partout où voulut m’entraîner la foi vive, la foi irlandaise de ma femme, j’ai vu plus que de « l’or et des pierres précieuses, et j’en ai rapporté un bien plus rare, plus inconnu : la vérité ».

« J’ai vu les grandes choses de notre culte catholique de manière à m’en impressionner pour le reste de mes jours. Ne sois donc plus surpris de n’avoir pu retrouver en moi