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L’ŒIL DU PHARE

niles que les hasards fortunés ou méchants de la vie n’avaient pas su détruire chez aucun d’eux. Oh ! oui, comme l’on allait bien s’entendre durant cette villégiature, d’une part au noble plaisir de réjouir des malheureux, et de l’autre, sous l’emprise de cœurs généreux.

Le jour tombait lorsque la voiture des Dupin stoppa de nouveau aux Pignons-Rouges. Une allégresse qu’ils n’auraient pu rêver chantait dans l’âme de la veuve et de son fils. Tout riait comme jamais auparavant autour d’eux dans la nature. C’était pourtant la même maisonnette, pauvre et seule, qu’ils voyaient là, devant leurs yeux illuminés de joie, les mêmes buissons d’aubépine au ras des fenêtres, et derrière, le profond vallon qui s’enténèbre déjà dans l’arc de la Montagne-Ronde ; c’était la grève en avant, avec ses sables d’or et ses galets que le flot montant couvre de caresses accoutumées ; c’était la route, la bonne route longue, courbe, tant de fois parcourue à pied sec ou boueux, ruban blanchâtre que la puissante machine semblait