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LE COUSIN D’AMÉRIQUE

Les premières entrevues des Dupin et des Pèlerin furent sans doute la cause d’une émotion béate pour ceux-ci, et pour les premiers remplies d’une bonté quelque peu tarée d’orgueil satisfait. Mais dans cette première visite chez sa tante et son cousin, Émile Dupin eut bientôt fait, quant à lui personnellement, par sa conversation et ses manières désinvoltes, de rompre, de fondre plutôt la glace qui retenait tout d’abord les pauvres gens dans une gêne presque apeurée. L’on était parents, quoi ! et l’on allait bien s’amuser ! Dès le lendemain, ce fut avec enchantement, et crainte aussi, que la veuve et son fils prirent place dans l’opulente limousine pour aller rendre au père et à la mère d’Émile leurs civilités apparentées, puisqu’on voulait bien ne pas les dédaigner.

Heureusement, les cœurs canadiens se reconnurent et battirent à l’unisson sous leurs défroques pourtant si disparates. La voix mystérieuse de la patrie leur parla délicieusement d’une communauté de sentiments, de souvenirs, de bonheurs juvé-