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L’EFFET MORAL

Jean, ce soir-là, avant de s’endormir, entretint longtemps sa pensée des conseils que lui donnait naguère son vieux précepteur pour l’orienter dans sa destinée. Une étrange définition qu’il lui laissa de l’homme l’obsédait surtout. — « Souviens-toi toujours, mon Jean, que l’homme est un composé d’un ange et d’une bête ; plus on flatte la bête durant la vie, plus l’ange souffre et s’ennuie. »

Or, il songeait que chez son cousin, il admirait bien l’autre, mais ne connaissait pas encore l’ange. Il avait sous les yeux le jeune homme bien campé, plein d’attraits, riche et même instruit, mais il s’inquiétait maintenant de ne lui avoir encore entendu parler que du bien-être dans la vie, sans rien savoir de ce qu’il pensait des responsabilités de la vie ; de ne l’avoir jamais vu, par exemple, ni soir ni matin, à genoux et en prière, ce qui pour lui-même jusqu’à présent lui avait semblé chose aussi naturelle que d’ouvrir l’œil et la bouche aux besoins de chaque jour.