Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/230

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les choses du passé. Le brillant des toilettes, le murmure des voix, les impressions diverses peintes sur les figures, tout cela, dans le décor féerique de l’endroit, offre une scène des plus prenantes aux yeux de ces cousins d’outremer, qui ont promené leur ennui de marins sous tant d’autres cieux, du Maroc en Cochinchine, de Madagascar à Terre-Neuve, et s’étonnent de retrouver, si loin de la mère-patrie, des Français abandonnés depuis un siècle et demi et restés aussi purement français. Du haut du kiosque des musiciens, durant les intermèdes, la cigarette aux lèvres, ils regardent passer ces vagues bruissantes d’humanité au verbe familier, non plus comme du haut de leurs navires, l’œil perdu dans la nuit, l’esprit égaré dans le souvenir de la patrie française, ils ont pu naguère peut-être regarder mélancoliquement s’agiter les courants du Bosphore ou du Mozambique, mais avec l’impression très-nette et très-joyeuse de retrouver sur nos bords, au lieu d’une simple colonie française, toute une France