Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/231

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nouvelle. Quand le chef les rappelle à leurs pupitres, la foule des promeneurs s’arrête, se masse en face des musiciens pour applaudir à leurs symphonies, mais encore mieux au sentiment, à l’âme française qui s’accuse dans leur manière caractéristique d’interpréter une partition depuis longtemps connue.

La foule est énorme. Les applaudissements et les rappels finis, le mouvement se rétablit entre la double haie de banquettes occupées, bien avant le concert, par tous ceux qui, fatigués de la tâche journalière, ne peuvent quitter la ville pour la villégiature et viennent ici prendre quelques instants de repos.

Sur l’une de ces banquettes, à l’extrémité-est de la terrasse, Guignard, après avoir plus d’une fois parcouru la promenade, est venu s’asseoir seul et plutôt triste. Très-sensible au charme de la musique, il est là parmi cette foule, non pas avec la gaieté dans l’âme, comme tant d’autres, en proie plutôt à « ces aspirations sans but » du jeune homme,