Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/235

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À droite et à gauche, se prolonge la grande batterie des vieux canons de bronze attendant, depuis un siècle, le museau caché dans les herbes sauvages du rempart, un ennemi qui n’est pas venu et qu’il faudra aller combattre sans eux ou aller chercher au-delà des mers. Ils dorment placidement leur dernier sommeil dans l’inutilité et l’inefficacité, n’intéressant plus guère que les hirondelles dont ils abritent les nids, les chiens errants qui leur demandent un abri discret et quelques touristes d’Ontario dont ils réveillent la combativité. Leur voix grandiose s’est tue depuis le jour de l’inauguration de la confédération canadienne, et l’on dirait que leur mutisme et leur morgue belliqueuse, aujourd’hui si démodée, s’accompagnent encore du profond regret d’avoir, il y a cinquante ans, si hautement et si vainement proclamé la concorde et l’union des Canadas.

Le long de la muraille qui sépare de la ville la grande cour du séminaire, se profile la silhouette d’un religieux capucin émergeant du palais archiépiscopal. Il