Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
LA FOURMI CHEZ LES CIGALES

à une très vive émotion. Une voix aux accents bien connus s’est élevée dans la cohue des voyageurs. Il a tressailli au plaisir de rencontrer son ami Larive, qui est là, qu’il va s’empresser de rallier pour le mettre au courant de l’état de choses nouveau. Mais non pas ; halte-là ! Larive n’est pas seul. Il accompagne deux dames d’un âge bien différent ; d’un âge tellement différent que l’on reconnaît en elles la mère et la fille, quand bien même il faudrait un grand effort de mémoire pour retrouver, sous tous ses dehors de petit-maître, le disciple de naguère qui, hélas ! ne sembla pas du tout avoir jamais étudié, sous aucun portique, avec le Socrate de son collège ni avec l’humble paysan d’Armagh.

Eugène dut passer outre comme un bolide qui se perd dans la nuit. Et voilà comment il n’avait pas été à la peine d’attendre l’expérience de la vie universitaire, pour apprendre que la ligne de démarcation entre les classes sociales est beaucoup