Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
L’ARRIVISTE

moins profonde au collège que dans le grand monde !

Toutefois, si les liens de cette amitié collégiale subirent alors une secousse à se rompre pour jamais, si l’étudiant campagnard cuva dans la peine la plus cuisante le vin amer de cet affront, il s’efforça néanmoins de transiger avec les réclamations de son cœur blessé et celles beaucoup plus impérieuses de son amour-propre humilié.

Que Félix eut un instant, sinon tout à fait rougi de lui du moins cédé à la gêne ou l’embarras de le reconnaître dans la circonstance que nous savons, l’incartade pour tout autre n’aurait peut-être prêté qu’à une explication vive entre deux jeunes gens du même niveau social. Mais notre villageois devait en être plus profondément blessé. Il y voyait trop bien la réalisation de toutes ces craintes, ces méfiances qu’il avait pendant si longtemps entretenues au collège, comme inséparables à la fois de sa pauvreté et de son éducation. Il s’était habitué longtemps