Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
L’ÉGLISE SAINT-PIERRE.

élevé. Au xviiie siècle, comme nous l’avons déjà dit, il menaçait de rompre ses murs de soutènement et de s’effondrer dans la rue. On le transporta près du jeu de paume (13 mai 1764), par suite d’un échange avec M. de Verteillac dont la propriété s’appuyait contre le chevet de l’église et en enclavait une partie.

Il est probable que l’existence d’une église à cette place remonte à une haute antiquité. Lorsque l’abbaye de Morigny, par la munificence de Louis le-Gros, ou tout au moins avec sa protection, acquit, vers 1112, l’église Saint-Pierre « Ecclesiam B. Petri, apud Dordinchum, »[1] c’était déjà une paroisse sous le vocable du prince des apôtres. On a même prétendu que c’était la plus ancienne de la ville. Quoi qu’il en soit, les moines de Morigny ayant été envoyés pour la desservir, l’église fut reconstituée et un nouvel édifice s’éleva suivant le style et le plan des églises monacales. La paroisse était pauvre, très-limitée ; l’église reçut des proportions restreintes. Elle dut subir, par suite des injures du temps et des dévastations de la guerre, plusieurs modifications et réparations, dont la flèche du clocher, cette partie vulnérable et fragile de l’édifice, paraît avoir été un des principaux objets. La date d’une de ces restaurations semble indiquée par le millésime de 1535 sculpté sur une pierre autrefois placée dans l’église, aujourd’hui enchâssée dans le mur méridional de la maison du parterre, à gauche de l’entrée. Le lambris de la nef fut fait en 1607 ; il paraît qu’auparavant « cette nef était comme une grange. »

Le 4 août 1637, à quatre heures du matin, le tonnerre tomba sur le clocher, le dépouilla complètement des ses ardoises, rompit un des arêtiers, cassa une cloche, descendit dans l’église où il fit un fracas épouvantable et laissa des « impressions de griffes » sur les bancs et sur les murailles. Le clocher était près de tomber. Les habitants montèrent sur les combles et arrêtèrent les bois avec des cordes. L’année suivante on le répara, et deux ans après on établit une nouvelle cloche[2].

En 1690, autre accident. Le jour de Noël, immédiatement après le premier carillon de la messe du point du jour, un coup de vent terrible, qui fit des dégâts dans toute la France, coupa net le clocher. Le pied seul resta pendant trois ans. On confia la réédification d’une nouvelle flèche, suivant le plan de l’ancienne, à Jacques Monclain, charpentier à Dourdan, et Jacques Liger, le couvreur de Sainte-Mesme[3]. Cette flèche avait quarante pieds, et était surmontée d’une croix de fer de onze pieds « avec le coq. » À peine fait, ledit clocher reçut un nouvel assaut. Le 29 juillet

  1. Voir chapitre IV.
  2. Bénite par messire Girard Thierry, et nommée Jeanne-Françoise par Jean Joyer, marchand fort riche, qui mit l’enchère pour avoir cet honneur.
  3. Dépense de 1,200 liv. pour la flèche, 50 liv. pour le rétablissement du tambour qui est sous la flèche. M. Guyot, directeur des hôpitaux du Roi, et paroissien de Saint Pierre, fit don de 950 liv., qui permirent à la fabrique très-pauvre d’entreprendre le travail.