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CHAPITRE XVII.

1702, il s’abattit sur Dourdan et les environs une telle nuée de grêle, qu’on « croyait être au dernier moment de sa vie, dit un contemporain. Plusieurs habitants eurent la tête cassée par des grêlons qui pesaient deux livres moins un quart ; » le clocher fut encore dépouillé de ses ardoises. La couverture et les vitres de l’église éprouvèrent de grandes avaries. En 1712, les trois cloches furent refondues pour en faire trois nouvelles « rendues sonnantes et accordantes en plein ton de mi-ré-ut. »

Il y avait une fatalité marquée pour le clocher de Saint-Pierre : le 16 juillet 1735, le tonnerre le perça de part en part, le brisa en partie, cassa les gargouilles de pierre qui crevèrent la voûte, descendit dans l’église, démolit la porte du chœur et pulvérisa le crucifix.

L’église, ébranlée par tant de secousses et en fort mauvais état, cessa de servir au culte en 1791. Le 10 novembre, la paroisse Saint-Pierre fut réunie à celle de Saint-Germain ; une partie de son mobilier y fut transportée[1], et le 13, les paroissiens assistèrent pour la première fois, à Saint-Germain, au service divin célébré par l’abbé Geoffroy. Le vaisseau devenu propriété nationale, administré comme les autres domaines de l’État, fut momentanément mis à la disposition du ministre de la guerre et servit de prison pour des soldats vendéens et de magasin de grains et de fourrages. Par une décision du ministre des finances du 5 juin 1812, la fabrique de Saint-Germain fut remise en possession du bâtiment, mais comme il tombait de vétusté et que le clocher menaçait d’écraser le quartier, la fabrique obtint du roi Louis XVIII une ordonnance de septembre 1816, autorisant à démolir, vendre les matériaux et céder le terrain à la commune suivant estimation d’experts. Les matériaux, adjugés pour 2,670 fr., le 17 novembre 1816, furent enlevés l’année suivante, et les pierres de l’antique église, complétement dispersées, entrèrent dans plusieurs constructions de l’époque. À peine si l’on peut en retrouver quelques traces dans deux ou trois bases de colonnes converties en bornes près du parterre, un vieux chapiteau servant de banc dans la rue Neuve, etc.

Disposition et ornementation intérieures. — Les murailles de Saint-Pierre étaient autrefois peintes de vieilles détrempes représentant des épisodes de la Passion, de la vie de sainte Marguerite et autres. Elles furent blanchies en 1646, et on voyait encore, au siècle dernier, des traces de fresque sous les enduits. L’ancien autel était massif et bas. Le tabernacle avait la forme d’une tour. On y montait par un escalier de pierre derrière l’autel. Une « grosse image de la chaire de saint Pierre en pierre » se voyait au côté droit de l’autel ; à gauche, une figure de saint Paul. En 1660, le curé, Me Etienne Le Gou, fit remplacer cet autel par un autel moderne, avec quatre colonnes de bois doré, un

  1. Le reste fut vendu aux enchères, le 12 août 1792, pour 677 liv., à la requête du procureur syndic du district de Dourdan.