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LE MARCHÉ AUX GRAINS.

héréditaire fut adjugé à Dourdan, par les commissaires généraux, à Daniel Debats, moyennant 682 livres, avec droit de percevoir 2 sols par septier de froment et 1 sol par septier d’autres grains. Mais ici un conflit s’éleva. La fabrique de l’église Saint-Germain possédait déjà de temps immémorial, comme on sait, un droit d’un sol par septier. C’était son revenu le plus net ; les marguilliers s’émurent, et finalement rachetèrent pour 1000 livres, du sieur Debats, son office et ses droits. Louis XIII, par lettres patentes datées de Fontainebleau, mai 1634, confirma l’ancien droit de l’église et y unit et incorpora le nouveau. C’était donc 2 sols par septier de froment, méteil et seigle, 1 sol par septier d’orge et d’avoine que le vendeur devait payer pour le mesurage. Ajoutons-y 1 sol par septier pour le plaçage qui revenait au duc d’Orléans, seigneur de Dourdan, et qui se percevait en général par la même personne.

Les minots, ou mesures, dont le nombre primitif de 4 fut porté à 13 en 1687, et plus tard à 14, étaient soigneusement jaugés et on se rappelle que l’étalon en cuivre rouge était déposé sous clef, dans l’armoire de la sacristie, avec les objets précieux.

La possession du droit de mesurage fut plus d’une fois pour l’église la cause de contestations et de procédures. Nous avons vu ailleurs l’effroi causé aux fabriciens par les prétentions du sieur Félix, fermier du domaine en 1731, la panique des habitants assemblés, les sentences du bailliage, les adjudications entravées, les requêtes au duc d’Orléans, voyages à Paris, arrêts contradictoires du conseil, et finalement la justice rendue à la paroisse[1].

La perception de ce droit s’adjugeait aux enchères pour deux années, et pour six à partir de 1764. Après sentence d’autorisation, rendue au bailliage, la publication se faisait le jour du marché par un huissier à cheval, assisté du trompette, dans toutes les rues et carrefours, puis était affichée à la porte de l’auditoire et au poteau servant de pilori sur le marché à l’avoine. Huit jours d’avance, les curés des paroisses Saint-Germain et Saint-Pierre, et des paroisses voisines, la lisaient au prône de la messe paroissiale. L’adjudication se faisait le samedi, à l’issue de l’audience du bailliage, en l’auditoire royal, après lecture et affichage du cahier des charges en dedans et au dehors, au plus offrant et dernier enchérisseur, à l’extinction de trois feux. Moyennant ce bail, l’adjudicataire avait, de par le roi, le droit, qui nous semble aujourd’hui exorbitant et antiéconomique, de percevoir la taxe du mesurage « sur tous les grains et farines vendus soit au marché, soit sur montrés, dans les rues ou maisons de la ville, faubourg et banlieue, sans que sous aucun prétexte les marchands, laboureurs et fermiers, puissent se refuser à l’acquit desdits droits. »

  1. Chapitre XVI.