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INDUSTRIE ET COMMERCE.

de la craie, se trouve à Dourdan sur une assez grande échelle. Les relèvements considérables de la craie autour de la ville ont fait à ce dépôt un lit qui atteint jusqu’à quinze mètres de profondeur, et, en certains endroits, offre une exploitation assez facile. La matière, comme toujours, a provoqué la fabrication. Cette fabrication paraît avoir eu plusieurs degrés de perfection, à en juger par les fragments qu’on peut étudier. On n’a pas, il est vrai, de preuves suffisantes pour attribuer à coup sûr aux fabriques de Dourdan ces poteries élégantes et brillantes dites « samiennes, » dont quelques restes sont mêlés à ceux de vases plus communs ; mais des débris de poteries rouges, au grain fin et solide, de poteries noires minces et dures, de poteries grises plus grossières, de grandes tuiles rougeâtres dont le poids et la dimension donnent lieu de penser qu’elles ont été faites sur les lieux, indiquent l’emploi de plusieurs espèces de terre et de plusieurs manières de traiter l’argile. Dans les diverses couches de glaise qu’on rencontre, dominent en effet plusieurs éléments, pyrite de fer, gypse en petits cristaux, sables plus ou moins siliceux. En général, c’est la dureté qui caractérise les fragments qu’on possède, et ils paraissent n’avoir nullement souffert de leur long séjour dans le sol. La variété, la simplicité et en même temps la netteté des moulures, dénotent une fabrication intelligente et soignée.

Pendant des siècles, cette industrie constitua, au profit du domaine, une sorte de monopole qui pourrait bien être le secret de sa décadence. On se souvient que « les fours aux pottiers » sont au nombre des accessoires et « appartenances de la prévosté de Dourdan, » donnés par Philippe le Bel à Louis d’Évreux. De Lescornay a vu aux comptes du domaine les droits du roi sur « chacun des fours à cuire pots, » et nous avons cité le compte de 1646 par Jacques de la Loy, où la « tuillerie de Dourdan » figure comme un des articles de recette. Potelet ou « le Potelet, » comme on l’appelait, à la porte de Dourdan, était une des terres souvent revendiquées par le domaine, et c’est là que paraît avoir été au moyen âge le centre de la fabrication. Lorsque Dourdan fut donné par Louis XIV au duc d’Orléans, le commissaire au terrier de 1676, Pierre Lallemant de Lestrée, rendit une sentence qui en fournit la preuve. Rappelant l’ordonnance par laquelle il avait enjoint « à toutes personnes qui prétendoient jouir des droits de fours à chaux, tuillerie, briqueterie et poterie, tant au voisinage des forêts que dans toute l’estendüe du comté de Dourdan » de rapporter leurs titres, « avec défenses de bastir et establir de nouveaux fours et de continuer l’usage de ceux qui y estoient jusqu’à ce qu’autrement il en soit ordonné, à peine de cinq cens livres d’amande, » Lallemant de Lestrée confirme dans ses droits, par jugement du 16 mars 1683, Pierre Arnaud de Junquières, seigneur de la terre « de Pottelet », qui justifie « de la possession immémoriale en laquelle ont esté ses autheurs d’avoir en ladite terre une tuillerie et four bastis et establis de tout temps, qui se trouvent